dimanche 12 juillet 2015

4 au 10 juillet : Les îles du Nord

Samedi 4 juillet

Reveil et appareillage à cinq heures.

Cap au 340, mer belle, vent 12 nœuds SE, entre le. Grand largue et le vent arrière. Moteur sur la première moitié des cinquante milles à couvrir. Série noire pour les pêcheurs. Deux magnifiques leurres perdus corps et âmes. Deux espadons voiliers réalisent quelques magnifiques figures libres au dessus de l'eau avant de casser la ligne sans trop d'efforts. Enfin rude bataille pour attraper une thon jaune énorme. On finit en se traînant vers Bird à moins de 4 nœuds, voiles en ciseaux. Cela nous permet de remorquer la depouille du thon et de jouer ainsi avec un requin marteau peu timide.

Bird. Nous avons tout lu et tout entendu sur cette île. Tellement d'oiseaux qu'ils percutent les mâts avant de retomber sur le pont. Tellement de requin que certains ont renoncé à y kiter. Tellement mal protégée qu'on y passe pas une nuit. Débarquement interdit. Taxe de séjour de 40 euros par jour et par personne. Et j'en passe. J'ai essayé d'appeler avant au 323322 comme recommandé par DYC, sans succès.



Arrivée paisible sous voiles au son des vagues qui déferlent sur la barrière. Les fonds remontent. Nous naviguons dans une immense piscine. Nuées d'oiseaux sur la pointe nord. Nous scrutons le rivage avec curiosité. Pas âme qui vive. Curieux pour un Hôtel.

Les djeunes partent jouer dans les vagues et sur la plage.



Les adultes soignent leur look pour faire bonne impression au bureau de réception de Bird Island. Débarquement sur une plage de sable blanc occupant toute le rivage ouest, sur presque un kilomètre. En arrière, une cocoteraie verdoyante. Des bungalows alignés géométriquement dans la verdure. Simples. Ne respirent pas le luxe des descriptions des guides. A cinq cent euros la la nuit, on doit surtout payer l'isolement insulaire. Les grands salons ouverts tout en bois, le bar, ont pour clients sternes, mouettes et paille en queue. Village abandonné de western.



Les premiers autochtones rencontrés sont d'enormes tortues.



Puis une seychelloise qui nous confirme que l'hotel est fermé. Elle ne sait pas bien si on peut rester là, si on peut photographier les tortues. Elle est adorable et nous fera cuire trois œufs durs pour les enfants. Nous sommes en pleine saison de ponte de je ne sais plus quel oiseau et donc de récolte des œufs qui sont ensuite vendus à Mahé.

Retour au bateau et thon sous toutes ses formes, de la salade crue au filets grillés sur le barbecue.

Dimanche 5 juillet

Repérage des lieux. Paraît très favorable pour le kite. Mais le vent n'est toujours pas là. Prévu pour demain, jour qu'on a dénommé le "kite monday ". Snorkling et visite de l'île. Tortues, raies, coraux.

Lundi 6 juillet

Ce sera finalement un black monday. Seul Marius tirera son épingle du jeu, grâce à sa technique et son petit poids. Je tire quelques bords avant que le vent ne retombe. Sauvetage grâce à l'annexe. Puis même chose pour Jacques. On commence à ne plus croire au vent aux Seychelles. La malédiction de la kiteschoolmoon qui nous collait aux voiles pendant le premier mois dans les Caraïbes se manifeste à nouveau.

C'est dommage car le site est idéal avec, cerise sur le gâteau, la piste d'atterrissage en herbe pour poser et plier nos ailes.



Consolation avec une séance photo en compagnie des sympathiques tortues. Dont Esmeralda, plus vieille et plus grosse tortue du monde. L'ile n'est habitée actuellement que par une quinzaine de personnes dont quelques scientifiques qui étudient les oiseaux. Et les Seychellois qui entretiennent l'hotel fermé. Nous les croisons au hasard de nos promenades. Tous sont adorables et nous donnent des renseignement sur leur île ou leurs activités. Nous apprenons ainsi qu'Esmeralada, qui est d'ailleurs un mâle, se reconnaît grâce à une tonche sur la partie avant droite de sa carrosserie. Refus de priorité devant un tracteur.



Malgré la faiblesse du vent, le mouillage est devenu assez rouleur. L'ancre n'a aucune tenue sur un fond de sable dur. Dans 3 a 4 mètres d'eau, le bateau arrive à tenir par le seul poids des soixante mètres de chaîne mais on ne peut pas vraiment compter dessus. J'ai coincé l'ancre derrière une patate de corail. Ça fait mal au cœur mais si le bateau part à la dérive, il ne s'arrêtera qu'en Somalie.

Mardi 7 juillet

Nous déplaçons Tapas pour essayer de le mettre plus à l'abri , au sud, derrière l'avancée des récifs. Cerclage d'une patate de belle taille avec l'ensemble de nos amarres qui font peine. Au moins nous n'abimerons pas les fonds.

Magic tuesday. Nous avons enfin délimité le plan d'eau idéal et cette fois le vent est bien là, avec une journée de retard par rapport aux prévisions du gourou.

Gaston vole au dessus des patates


Bords de rêve sous la protection de la barrière, dans 20 cm d'eau à marée basse, un mètre à marée haute. Les tortues rentrent la tête au passage des planches.

DECHAMBOUX père et fils


Interruption pour laisser atterrir l'avion de la sœur du propriétaire de l'ile. Visite d'à peine deux heures. L'avion repart pour Mahé, nous re décollons les voiles. Seuls Pat, Jules et Hector ne participent pas à la fête. Paddle et plongée au masque pour eux.

Nous finissons par une session nocturne tels des morts de faim.

GoPro embarquée
Mercredi 8 juillet.

Journée idem. Avec le renforcement du vent, les nuits sont de plus en plus difficiles. Heureusement que nous sommes en catamaran, ce serait intenable, avec le roulis, sur un monocoque. Dans notre caravane flottante, nous sommes obligés de nous tenir lors des déplacements. Le ressac est impressionnant. Certaines vagues cassent à trois longueurs du bateau. Lorsqu'elles aspirent le catamaran, les craquements sont impressionnants de jour et pire la nuit.

L'amarre commence à s'user sur un "cerveau" de corail. Nous mouillons la deuxième ancre. Avec trois points de fixation, nous partons tranquille pour une nouvelle journée de kite jusqu'au coucher du soleil.

Hector s'initie aux joies de la nage tractée.

Felix
Captain oldschool dixit les djeunes
El Jaco
Goûter sur piste d'atterrissage
Je parviens à joindre ma sœur Sylvie par téléphone et SMS. Elle me transmet une météo annonçant un vent similaire jusqu'à samedi puis un renforcement à partir de dimanche. Récupérer un SMS est une expédition intéressante. Il faut se rapprocher au maximum de l'antenne de la cocoteraie. Donc débarquer en face de l'hotel où les vagues sont maintenant trop grosses pour espérer atterrir sur la plage en annexe. On se jette à l'eau, le youyou s'eloigne rapidement avant d'être pris dans un rouleau. Au retour idem, se jeter à l'eau, nager contre les vagues pour s'eloigner du rivage. Il est recommandé de protéger le téléphone dans une pochette étanche si l'on veut ramener les précieuses informations.

Nous préparerons le bateau demain pour partir sur Denis Island vendredi. Les réservoirs d'eau douce sont vides. Bizarre, nous avons pourtant fait attention à notre consommation. Quelques bidons de secours nous permettront de tenir encore quelques jours, le temps de visiter Denis.

Jeudi 9 juillet

La nuit a été difficile. Sur le pont au lever du jour. L'amarre qui cerclait la patate a lâché. La chaîne de la deuxième ancre est tendue à se rompre. L'alarme de mouillage réglée sur soixante mètres ne s'est pas déclenchée. Nous n'avons pas beaucoup reculé. Le vent est maintenant à plus de vingts nœuds établis. La vie sur le bateau chahuté par les vagues difficile. Si cela doit forcir encore en fin de semaine, le retour vers les îles principales va être délicat. Je commence à beaucoup y penser.

Nous décidons de prendre le large dès ce matin. Préparation rapide du bateau. Au près pour 25 milles, nous savons que tout va voler à bord. Dégonfler le paddle, démonter le foil, rentrer toutes les planches, remonter et ranger le moteur de l'annexe a fond de cale, relever nos ancres.

A 9 h 30, c'es parti. Nous abandonnons non sans regret un spot de kite de rêve. Équivalent des Tobago cays ou d'Anegada, aux Antilles. La sauvagerie et l'isolement en plus.

Le bal peut commencer. Vent de sud est, ça, c'est une constante. Vingt nœuds, se renforçant sous les grains. Le début est rock'n roll face aux vagues qui brisent, avant de retrouver des fonds plus importants. Sous grand voile a un ris et génois roulé un ris. Comme tout catamaran de croisière, ce bateau n'est pas une bête de près. Il va falloir tirer des bords pour rejoindre Denis. Deux fois la route, quatre fois le temps...ou alors. Petite aide avec les deux moteurs à 1400 tours/minute et hop, nous sommes en route directe. Ca brasse. Chacun a mis son gilet de sauvetage sans se faire prier. Jules rend ses quartiers dans sa cabine pour une durée indéterminée. Le vent adonne et faiblit. Nous finirons cette navigation au bon plein a plus de 7 nœuds. Seul ombre au tableau, Pat essaye de faire cuire son pain mais panne de gaz. Nous étions déjà sur la bouteille de secours. Notre cuisinière hors pair prépare gâteau et pain presque tous les jours, ça consomme.

Denis paraît au moins aussi belle que Bird.

Exploration d'un premier mouillage au Sud de l'ile, celui indiqué sur les cartes. Intenable. Équivalent à celui de Bird. Non merci. Nous nous rapprochons de l'hotel, dépassons la pointe de récifs au nord ouest. Derrière , c'est beaucoup plus calme. Mais semé de patates de corail. Un vrai champ de mines. Mouillage au mieux. Vérification de l'ancre au masque. Là dessous, c'est féerique. Eau limpide, montagnes coralliennes, poissons multicolores. Notre chaîne fait tâche dans ce décor. Cerclage rapide d'une patate selon notre bonne vieille technique pour ne pas abîmer tout cela avec le ragage de la chaîne. Les enfants bondissent pour explorer les fonds. On dirait une vieille pub pour Kodak.

Pat, Félix, Marius et moi nous préparons pour aller à terre. Même scénario que pour Bird. Peu d'infos précises sur Denis. Découverte par Denis de Trobriand, membre de l'expedition de Bougainville en 1773. Les rédacteurs du géo guide n'y ont sans doute pas mis les pieds mais indiquent que la pension complète coûte la bagatelle de 900 à 1400 euros par nuit. Quelques informations un peu plus récentes dans le pilote côtier d'Alain Rondeau, informations qui remontent cependant aux années 1990. Taxe de débarquement de 200 roupies par personne. Restaurant ouvert midi et soir. Raison de la motivation à l'exploration de Félix et Marius, la bave au coin des lèvres. Le régime pâtes-riz agrémenté de poisson lorsque la pêche a été bonne, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, est passé depuis la panne de gaz au régime céréales-lait froid.

Enfin, les informations de DYC, les plus récentes et souvent les plus fiables se résument à deux mots laconiques : Île privée.

La pauvre fréquentation de la plage nous fait espérer trouver un hôtel ferme avec juste le resto ouvert pour nous. Un avion vient cependant d'atterrir. Ca s'agite sur la piste, voiturettes électriques et compagnie.

Polo classieux et bermuda propre, nous voilà partis. Baigneurs sur la plage, plongeurs dans la petite piscine, c'est bien ouvert. Immense salle couverte super classe ou l'on boit des cocktails en pantalon s'il vous plait. crooneur qui prépare son piano, chef cuisto à la bedaine prometteuse, comme ses odeurs de cuisine. Nous la jouons super cool. Nous sommes les petits gars du bateau et on voudrait savoir si on ne dérange personne, là où on a jeté l'ancre. Oups la gentille seychelloise part vite chercher une "resort manager". Laquelle va demander son avis au "resort director". Pendant ce temps nous taillons la bavette avec le chef. Mais, non, pas de festin pour l'equipage. "Very private". Discrètement et avec un petit sourire d'excuse. La resort manager revient. Oui nous pouvons rester (comme si on allait partir maintenant à la nuit tombante!) on peut même s'avancer devant la piste où nous serons mieux protégés du ressac. Mais évidemment il faudra déménager demain matin avant l'arrivée du premier avion. "And Please don't ask for a beer or wifi". Cette manageuse connaît donc bien les marins en escale. J'ose demander la météo. "As today". Je n'ose donc même pas demander du gaz ni s'il est possible d'emprunter la plage pour décoller en kite. "Here is the républic of Denis Island". Sourire gêné. Retour au bateau la queue entre les jambes. On nous a dit non pour tout avec une extrême courtoisie.

Nous déplaçons le bateau vers la piste d'atterrissage apres un repérage des patates au masque, traîné par l'annexe. Il faut prendre un relèvement au 150 sur le manche à air Nord ouest de l'aerodrome et c'est sain. Il y a même un petit quai de débarquement pour les super yacht avec branchement électrique. Mouillage très calme. Cela nous change de Bird et nous allons passer une super nuit.

Contre mauvaise fortune bon cœur. Nous cuisinerons avec Jacques un risotto, dans une casserole sur le barbecue, qui restera dans les annales.



Vendredi 10 juillet

Appareillage à 6 heures. A peine les lignes déroulées, un barracuda d'un mètre se laisse prendre. Pas très bon pour la cuisine. Remis à la mer.

Ciel plombé, vent établi à 24 nœuds. Cette fois nous sommes bâbord amures, toujours au près et même avec les moteurs en appui, nous ne pouvons faire route directe sur Mahé, encore moins sur Praslin.

Les lignes prennent. Une dorade coryphene. Puis un gros truc difficile à identifier. Marlin ou Carangue a bosse pour Hector.

Le vent forcit jusqu'à 30 nœuds, il faut prendre un deuxième ris. Virer de bord pour libérer un winch sur tribord. Les bateaux de loc ont en général le minimum d'accastillage. L'horizon est bouché sur 360 degrés.

Il faut rouler du génois mais il est évidemment coincé. Le larguer à fond avant de pouvoir l'enrouler d'au moins 4 tours.

Les enfants lisent ou dorment, imperturbables. Je me dis une fois de plus qu'essayer d'aller contre le vent en voilier est une hérésie. Plus jamais. Comme à chaque fois. Nous savions ce qu'il nous en coûterait de vouloir visiter Bird. Sans regrets. Ou presque, on verra quand on sera arrivés. La balancine s'est échappée et traîne derrière le bateau. J'engueulerais bien le responsable mais c'est moi. Elle sert à éviter que la bôme ne tombe sur le pont quand on affale la grand voile. On verra ça plus tard. Apres d'interminables heures et quelques bords, Aride nous protège, le vent se calme, un thon mord, le chenal entre Curieuse et Praslin bien protégé du Sud est, le ponton de Baie Sainte Anne. Apres dix heures de nav. Quel calme !

Grand rinçage du bateau, étalage de notre pêche sur le ponton. Nous faisons des envieux. Un gentil Rasta identifie le grand poisson. King Fish. Nous lui offrons le thon et il nous prépare les deux autres. Et nous propose même de les cuisiner, barbecue et sauce coco curry accompagnés d'une bonne salade. Tout cela pour 400 roupies. Repas pantagruélique. Nuit au calme.



Selwyn Pointe, baie sainte Anne, Praslin

248 2580944

On lui fait de la pub.





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