samedi 24 juillet 2021

Journal de bord de Gaston et Coline

On s'est retrouvé devant la passe Sud dans les alentours de 7 heures. Tout le monde s'activait sur le pont depuis déjà une bonne heure, depuis notre départ d'Hirifa après 5 jours d'escale. 
C'était pas tout à fait le point de non retour, mais c'était un moment important. On allait décider si oui ou non on continuerait en direction de Kauéhi. L'autre option étant de contourner Fakarava par le Sud pour retourner à la passe Nord et se remouiller directement à Rotoava. 
La moitié de l'équipage a disparu en quelques instants dans leurs cabines. L'océan n'était pas très abordable. Surtout que les 8 premiers miles au prês ne présageaient rien de bon. Seulement de gros creux et de belles vagues qui baloteraient notre catamaran Lagoon comme une vulgaire caravane sûr une série de dos d'âne. 
On a en effet été secoué et mouillé. Trempé pour certains. Soleine à rendu son petit déjeuné à la mer. Lise à fait de rares apparitions, Capucine aucune. 
Pour couronner le tout, le doux fumet de la brioche au beurre tourné commençait à s'échapper du four. Ajoutant une couche de nausée à nos estomacs déjà sous rude épreuve. Marius a quand même mordu dedans à grande bouchées, pensant avoir affaire à une brioche à l'émental. Comme quoi notre cerveau est capable de tout faire accepter aux autres organes quand il est persuadé de quelques chose.
Mais ce n'en était pas fini de la traversée. Loin de là. Une fois la pointe passé, ils nous restait encore une trentaine de miles pour rejoindre la passe Arikiamire, au Sud est de Kauéhi. Puis à nouveau 6-8 miles de navigation dans le lagon pour rejoindre Tearavero. Le village à l'opposé de l'atole. Avec le vent soufflant de l'Est ça aurait dut être une partie d'enfant. Mais ça a tourné à l'Est - Nord Est...
Donc 30 miles au prês pour arriver à la passe dans les alentours de 16 heures. Alors que la marrée sortante était au plus violent. Des courants avoisinants les 8 noeuds tentaient de rabattre le bateau sur les récifs de la rive gauche. Malgré les voiles et les moteurs frôlant les 2000 tours le KAVA II faisait du sur place. Le vent soufflait sans relâche des rafales dépassant parfois les 30 noeuds. La balise rouge placé au dessus du motu se rapprochaient dangereusement de secondes en secondes. C'est alors qu'on a entendu la cane tirer. C'etait la deuxième touche du séjour et il fallait qu'elle soit à un moment si délicat ?!  
Hector s'y est attelé. Heureusement la tension n'a pas mise longtemps à se relâcher. La balise rouge quant à elle, campée sur sa plage paradisiaque protégée par des pierres assérées nous surplombait toujours. À la manières de la tour de Sauron dans le Seigneur des Anneaux, son unique oeil rouge nous attirait sans relâche dans sa direction. 
Une fois remonté on a découvert que l'hameçon avait été tordu en deux. Impossible de déterminer si on avait ferré un trop gros poisson ou si l'apas s'était accroché sur une des nombreuses patates de corail. La deuxième option était peu probable, le fil ne se serait pas déroulé d'un seul coup, quelques secondes après que Marius ait annoncé que c'était le pire moment pour attraper un poisson, pendant qu'on était en surplace au beau milieu de la passe. 
Il a fallut pousser les moteurs à 2500 tours pour remettre le bateau en mouvement vers l'avant. La balise rouge était encore plus grande qu'avant. S'il m'était difficile de l'apercevoir à travers l'écran de ma caméra quelques minutes plus tôt, maintenant je pouvais en détailler chaque détails. Les immortaliser d'une pression sur le bouton rouge. Si le moteur tribord nous lâchait maintenant, il aurait bien fallut que quelque chose d'immortel persiste. Protègée par le boîtier étanche, on aurait certainement pu terrasser une bonne partie de la traversée et monter une vidéo post Mortem de l'aventure. Voilà le genre de pensée qui s'immiscent dans mon cerveau dans ces moments là. Et avec le recul je me permet de les dramatiser un peu, juste pour rendre le récit plus attrayant. Parce qu'heureusement, le moteur tribord ne nous a pas lâché, la réparation de la semaine dernière était sommaire mais solide. On s'est donc sorti de cette passe dans aucune égratignure. Sans même déchirer la grande voile qui avait déjà bien souffert lors de la première grosse traversée pour rejoindre Fakarava. On a également survécu au grain qui s'est abbatu sur nous à l'arrivée dans le lagon. Recouvrant d'un manteau sombre l'entièreté de l'atole. Provoquant des rafales encore plus forte que les précédents et des pluies horizontales. On a même survécu à la brioche empoissonné. Ou tout du moins, ceux qui y ont goûté n'ont pas eu besoin de se pencher par dessus le bastingage pour s'en débarrasser. 

C'est tout de même de nuit qu'on est arrivé au petit village. Qu'on a mouillé l'ancre sans encombres et qu'on s'est régalé d'un plat de patates bien méritées.

GAST


« Je ne sais plus exactement où je m’étais arrêtée. En même temps il se passe beaucoup de choses ici, le temps paraît comme figé. Nous avons passé quelques jours à Hirifa, plusieurs bateaux étaient avec nous au mouillage c’était comme une petite ville sur l’eau. J’ai pu faire un deuxième baptême de plongé avec Mathias et Lise mon binôme de plongée. Il y avait plus de courant que la dernière fois mais j’étais en confiance et on se laissait guider par l’eau tout du long, presque pas besoin de palmer. J’ai eu besoin de m’y reprendre à 2 fois pour passer le cap des 3 mètres car je sentais une gêne dans mon oreille gauche mais en prenant mon temps j’ai pu descendre sans encombre et profiter de tous les coraux et nombreux poissons que nous offrait la passe sud de fakarava. Les requins m’impressionnent toujours autant, surtout qu’ils étaient nombreux mais j’apprends de plus en plus à apprécier leur compagnie dans l’eau. La navigation suivante a été plus mouvementée jusqu’à Kauéhi, j’ai passé la journée en position allongée dans le carré extérieur pour maintenir mon estomac bien accroché. De temps en temps j’étais rafraîchi par des vagues qui déferlaient par dessus le bateau et Marius venait à mon secours avec des petits biscuits salés. » Coline

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